Misandrie

Le terme misandrie désigne une forme d’opposition radicale envers la catégorie sociale masculine et son système d’oppression. Longtemps resté en marge du débat public, il est souvent invoqué dans les discours antiféministes comme un miroir de la misogynie, suggérant une symétrie entre la violence systémique subie par les femmes et une supposée violence équivalente exercée contre les hommes. Pourtant, la réalité théorique et politique du concept est tout autre.

La misandrie, dans sa définition politique, ne consiste donc pas à vouer une hostilité indiscriminée envers chaque homme, mais à condamner une catégorie sociale érigée historiquement comme détentrice de pouvoir : celle des hommes cisgenres et hétérosexuels, éduqués dans une culture qui valorise la virilité, l’autorité et le contrôle. Ce sont eux qui apparaissent massivement dans les statistiques d’agressions, de violences conjugales ou de féminicides. Parler de misandrie, ce n’est pas attaquer leur existence en tant qu’individus, mais désigner le rôle symbolique qu’ils incarnent et les privilèges dont ils bénéficient dans un système de domination.

Pour aller plus loin : On ne naît pas misandre on le devient

De nombreux débats persistent. Certain·es féministes considèrent la misandrie comme une stratégie discursive de résistance : provocatrice, mais nécessaire pour renverser des siècles d’infériorisation des femmes. D’autres préfèrent s’en distancier, craignant que le terme ne serve à délégitimer le féminisme en le présentant comme un mouvement de haine. Sur le plan sociologique, il reste difficile de parler d’un “système misandre” : contrairement à la misogynie, la misandrie ne structure pas nos institutions, nos lois ou nos pratiques culturelles. Elle est avant tout une critique symbolique et politique d’un ordre social qui continue de placer la figure masculine dominante au centre.


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